En 1983, André Corboz écrit un essai dans lequel il décrit le territoire comme le résultat d’une très longue et très lente stratification qu’il importe de connaître pour intervenir. Il y énonce également cette métaphore devenue célèbre du “territoire comme palimpseste”, dépassant ainsi la métaphore archéologique classique de stratification qui ne prenait guère en compte la manière dont le territoire se rature et s’efface.
C’est le mythe de la page blanche qui disparaît et toute forme d’architecture entre ainsi dans une logique de transformation. Lorsque l’on transforme, on intervient sur le fil de l’histoire. On ajoute une couche à la précédente. On s’inscrit dans la temporalité d’un lieu. Afin de rendre aisément perceptible la question de la temporalité, il apparaît nécessaire de l’exacerber par le choix d’un site dont elle est partie intégrante. Dans cette optique, le sujet de la ville historique et de son éventuelle transformation apparaît comme le plus évident. Lieu de haute qualité, elle est intouchable pour certains et à l’inverse complètement périssable pour les autres. Elle cristallise les tensions autour de la relation au temps de l’architecture.
Ne restait plus qu’à trouver un bourg historique de qualité offrant une opportunité de projet à l’échelle d’un travail de master. Dans un cours, Jean-Pierre Dewarrat évoquait une place aux proportions étranges situées à Bulle et dont l’espace jadis bâti avait été libéré par un incendie. Voyant dans cet espace l’opportunité d’un projet sous la forme d’un dialogue avec l’histoire, d’une réminiscence partielle du passé et de l’application potentielle d’une forme concrète de permanence qui plus est dans un milieu urbain de qualité, je décidai d’en faire le cadre de mon travail de master et d’y confronter à la réalité, l’éthique de projet développée durant la préparation au travail de master.