Composée de deux mots ciblés d’un évident pléonasme, qui pourtant se révèlent indissociables l’un de l’autre, la notion d’architecture située se justifie par une simple considération du Genius Loci de l’observateur, qui d’une subtile intention s’apprête à imprégner les caractéristiques d’un lieu par une construction. Ce lieu, qui s’imprègne de vestiges, d’existences nouvelles et de disparitions, devient par analogie le socle de l’intervention. L’objet architectural dont il est question va alors s’inscrire dans un contexte particulier, dont l’identité est fabriquée à partir de caractéristiques prononcées. La poésie de la notion d’architecture située réside dans la générosité du paysage, qui dispose ses substances et ses atmosphères au profit de l’architecture.
Parmi les essences relatives à la construction, la roche est l’élément dominant la contexture des Alpes suisses. Cette materia povera contribue à la naissance de formes abruptes et contingentes qui ébauchent puis érigent l’arase des Alpes suisses dans le paysage. L’intérêt porté à cette substance locale est alors un prétexte initial pour amorcer le projet architectural. L’objectif du projet architectural est donc de défendre et de poétiser l’utilisation du béton dans les Alpes, à travers l’analogie de l’emprunt et de la restitution de la matière pour la création d’un béton géologique imparfait à partir d’extractions locales.
Le périmètre d’intervention correspond aux contours du lac de Moiry dans le Valais, qui est souligné par son barrage et épié par le glacier de Moiry. À travers quatre interventions architecturales se génère un parcours qui se superpose aux constellations invisibles des flux existants marqués par la présence et l’absence de neige. C’est ainsi que les lignes rationnelles et subtiles de l’architecture se confondent paradoxalement à la brutalité géométrique des montagnes et disparaissent perpétuellement sous les épaisseurs de neige, avant de se manifester à nouveau. Ces interventions architecturales s’inscrivent dans l’atmosphère du territoire en prodiguant une lecture singulière du paysage à travers la matière dense et figée dans son lieu d’implantation.